Méthode préoccupation partagée : l’approche qui change tout

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Vous vous sentez souvent démuni face au harcèlement scolaire et les solutions classiques de punition vous semblent inefficaces ? Découvrez la méthode de la préoccupation partagée, une approche qui change radicalement de perspective en sortant de la logique de sanction pour responsabiliser les élèves, y compris les témoins. Cet article vous explique pourquoi les vieilles méthodes ne suffisent plus et vous dévoile, étape par étape, comment cette technique non-blâmante parvient à briser la dynamique de groupe. Vous constaterez qu’il est possible de résoudre durablement les conflits et en transformant chaque élève en acteur de la solution.

  1. Le harcèlement scolaire : un fléau qu’on a longtemps ignoré
  2. La méthode de la préoccupation partagée (mpp) : changer de paradigme
  3. La mpp en action : le déroulé étape par étape
  4. Les acteurs de la méthode : qui fait quoi ?
  5. Efficacité, limites et articulation avec les sanctions

Le harcèlement scolaire : un fléau qu’on a longtemps ignoré

Soyons directs. Le harcèlement scolaire est un poison qui ronge nos écoles depuis des décennies. Pourtant, la prise de conscience a été lente. C’est un constat brutal, mais nécessaire. Un échec collectif qui nous oblige aujourd’hui à agir différemment.

Le réveil tardif de la France

Pendant que des pays comme la Suède ou la Norvège agissaient dès les années 70, la France semblait regarder ailleurs. Il a fallu attendre 2011 pour les premières Assises nationales sur le sujet. C’est ce qu’on appelle un retard significatif.

Le rapport Debarbieux, la même année, a enfin posé des mots sur le problème. Un jalon essentiel, mais le chemin vers l’action concrète a été long. Trop long.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

Les chiffres sont sans appel. Les enquêtes de l’UNICEF ou de la DEPP révèlent qu’entre 11 et 12% de nos élèves subissent une forme de harcèlement. C’est énorme.

Une étude récente confirme la tendance : 10% des 11-15 ans sont concernés. Concrètement, cela veut dire au moins un élève par classe. Ce n’est pas un fait divers, c’est une urgence quotidienne.

Pourquoi les vieilles méthodes ne suffisent pas

Face à ce drame, les recettes habituelles — campagnes de sensibilisation et punitions — montrent leurs limites. C’est un début, mais ça ne suffit pas.

Les programmes de prévention classiques sont utiles, mais leur efficacité limitée à 15-20% de réduction des faits nous oblige à chercher des solutions plus directes et plus humaines.

Ce constat nous pousse à explorer d’autres voies. Des approches ciblées qui s’attaquent au mécanisme du harcèlement. C’est là qu’intervient la méthode de la préoccupation partagée, une approche qui change radicalement la donne.

La méthode de la préoccupation partagée (mpp) : changer de paradigme

Face au harcèlement, l’instinct est de chercher un coupable et de punir. Pourtant, cette approche montre ses limites. Il existe une autre voie, qui change les règles du jeu : la Méthode de la Préoccupation Partagée (MPP). L’idée n’est plus de sanctionner, mais de responsabiliser. On sort de la logique de conflit pour entrer dans celle de la coopération. Un vrai changement de paradigme.

D’où ça vient ? De la suède à la France

Cette méthode nous vient de Suède, imaginée dès 1975 par le psychologue Anatol Pikas. Son concept ? Mener des entretiens individuels avec les intimidateurs pour les amener, par eux-mêmes, à trouver des solutions, sans les accuser frontalement.

En France, le professeur de philosophie Jean-Pierre Bellon l’a adaptée à partir de 2010. Il n’a pas seulement traduit une technique ; il en a fait une véritable éthique d’action. Bellon n’est pas un inconnu, c’est un expert reconnu dont le travail a transformé une simple méthode en un puissant outil éducatif.

Le principe clé : la fin de la chasse aux sorcières

Voilà le cœur de l’approche. La MPP refuse la logique de sanction immédiate. Fini le tribunal scolaire. L’objectif n’est pas de pointer un coupable du doigt pour l’exemple. C’est bien plus subtil et efficace.

L’adulte s’adresse à l’élève intimidateur et lui dit : « Nous sommes très inquiets pour [prénom de la cible]. Toi qui es dans son entourage, que suggères-tu pour que ça s’améliore ? ». On ne l’accuse pas, on le sollicite. On fait appel à son intelligence de la situation et on le responsabilise. Bref, il devient une partie de la solution.

Pourquoi ça marche ? L’empathie comme moteur

En évitant l’accusation, on désamorce les mécanismes de défense comme le déni ou l’agressivité. L’élève n’a plus besoin de se braquer. L’adulte n’est plus un juge, mais une main tendue, créant un espace sécurisant où l’empathie peut émerger.

On parie sur la capacité de chaque jeune à se mettre à la place de l’autre, une fois la peur de la punition estompée. C’est une approche humaniste. De la même façon que l’apprentissage par l’autonomie prôné par la méthode Montessori rend l’enfant acteur, la MPP le rend acteur de la résolution du conflit. Votre rôle est de créer les conditions pour que cette transformation ait lieu.

La mpp en action : le déroulé étape par étape

Alors, comment cette fameuse Méthode de la Préoccupation Partagée se déploie-t-elle sur le terrain ? Oubliez les grandes assemblées et les procès publics. La MPP est une approche discrète, presque chirurgicale, qui repose sur des entretiens courts et individuels. Votre rôle, en tant qu’adulte de l’équipe-ressource, est de devenir un artisan de la paix. Voici le chemin à suivre.

Étape 1 : l’entretien avec l’élève cible

Tout commence avec l’élève qui souffre. Ce premier contact est fondamental. L’objectif est double : lui offrir un soutien inconditionnel et obtenir son accord pour agir. Il ne s’agit pas de le pousser à porter plainte. Non.

Vous lui expliquez simplement votre préoccupation, et que vous allez rencontrer d’autres élèves pour la partager, sans jamais le présenter comme le « plaignant ». C’est une nuance capitale. Vous lui demandez aussi, en confiance, les noms des élèves impliqués, auteurs ou témoins. Cette étape est un pacte de confiance.

Étape 2 : les entretiens individuels avec les intimidateurs et témoins

C’est le cœur du réacteur, le moment où la dynamique de groupe se fissure. L’équipe ressource rencontre chaque élève séparément. L’entretien est bref, discret, dans un lieu neutre. La phrase clé est simple : « Je suis préoccupé(e) pour [prénom de la cible]. Je ne dis pas que c’est de ta faute, mais j’aimerais ton aide. Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour que ça aille mieux pour lui/elle ?« .

Ici, on ne cherche pas des coupables. On cherche des alliés. On sollicite des suggestions concrètes. En isolant chaque acteur, on le sort de l’anonymat du groupe. Il se retrouve seul, face à un adulte bienveillant et à sa propre conscience.

L’objectif n’est pas d’arracher des aveux, mais de transformer chaque élève en un allié potentiel, en le sollicitant pour trouver une solution positive.

Étape 3 : les entretiens de suivi

Le travail ne s’arrête pas là. Ce serait une erreur. Quelques jours plus tard, vous revoyez l’élève cible. Comment se sent-il ? La situation a-t-elle évolué ? Son ressenti est votre boussole. Parallèlement, vous revoyez aussi les autres élèves, toujours individuellement.

Cette fois, c’est pour les remercier de leurs idées et voir s’ils ont agi. Ce suivi signale que les adultes sont attentifs et que l’engagement des élèves est pris au sérieux. C’est ce qui ancre le changement dans la durée.

  • Soutien à la victime : Premier contact pour écouter et rassurer.
  • Entretiens individuels : Rencontres non-accusatoires avec les intimidateurs/témoins pour susciter l’empathie.
  • Recherche de solutions : Solliciter des suggestions concrètes de la part des élèves.
  • Suivi régulier : Rencontres de suivi avec la cible et les autres élèves pour valider l’amélioration.

Les acteurs de la méthode : qui fait quoi ?

La Méthode de la Préoccupation Partagée, ou MPP, n’est pas une formule magique. C’est une approche humaine qui repose sur une collaboration précise. Pour que ça marche, chacun doit comprendre sa partition. C’est un véritable travail d’équipe, bien organisé, où personne n’est laissé de côté.

L’équipe ressource : les pilotes du changement

Au cœur du dispositif, on trouve l’équipe ressource. Des personnels volontaires de l’établissement, comme les CPE, infirmières scolaires, ou des enseignants formés spécifiquement. Leur mission est claire : mener les entretiens individuels. Attention, leur rôle n’est pas d’enquêter ou de distribuer des sanctions. Pas du tout.

Ils adoptent une posture bienveillante, sans jugement, pour créer un climat de confiance. C’est essentiel. Cette approche est une pièce maîtresse du programme national pHARe, en place dans tous les établissements.

Le rôle des élèves : de spectateurs à acteurs

La MPP change la donne pour les élèves. Elle leur donne un pouvoir constructif. Fini le rôle de simple spectateur. Les élèves impliqués, y compris ceux qui intimident, sont invités à devenir des acteurs de la solution. On ne leur demande pas de s’excuser, mais de proposer des gestes positifs pour aider celui qui souffre.

Même les témoins, souvent paralysés par la peur, trouvent ici une occasion d’agir sans se mettre en danger. C’est une démarche qui responsabilise et valorise chaque jeune, en brisant la dynamique de groupe.

Et les parents dans tout ça ?

Vous vous demandez sûrement quelle est votre place. Dans un premier temps, la méthode se déploie sans l’implication directe des parents des différents élèves. Pourquoi ? Pour garantir la discrétion et l’efficacité des entretiens. Cela permet aux jeunes de parler plus librement.

Bien sûr, les parents de l’élève cible sont immédiatement informés et soutenus. Si la situation ne s’améliore pas, ils sont alors associés aux étapes suivantes. Maintenir une communication saine est crucial, un peu comme lorsqu’il faut préserver une relation parent-enfant fragilisée après un divorce, où l’écoute est la clé.

Efficacité, limites et articulation avec les sanctions

La Méthode de la Préoccupation Partagée est un outil puissant. Mais ce n’est pas une formule magique. Il faut être lucide sur ses performances et savoir exactement quoi faire quand elle ne suffit plus. Soyons pragmatiques et honnêtes.

Des résultats probants sur le terrain

Loin des théories, cette approche a fait ses preuves. Concrètement. Les évaluations internationales sont claires, avec des taux de résolution du harcèlement qui oscillent entre 75 % et 89 %. Ce ne sont pas juste des chiffres en l’air.

En France, l’expérimentation menée dans l’académie de Versailles est parlante. Sur 800 situations traitées avec cette méthode, on a constaté un taux de réussite de 82%. C’est la preuve que responsabiliser les élèves, sans les blâmer, fonctionne dans une grande majorité des cas.

Quand la méthode atteint ses limites

Pourtant, il faut aussi regarder l’angle mort. Que se passe-t-il si un élève refuse de coopérer ? S’il s’enferme dans le déni ? Ou si les faits sont trop graves, comme des violences physiques répétées ou un cyberharcèlement massif ?

Il se peut en revanche que la MPP ne soit pas la bonne réponse. Elle est une première approche, pertinente, mais pas l’unique solution. Votre rôle sera ainsi de reconnaître ces situations pour agir différemment.

Situation Action à envisager
Harcèlement « à faible bruit » (moqueries, mise à l’écart) Déploiement de la Méthode de la Préoccupation Partagée.
Refus de coopération ou déni persistant d’un élève Relais au chef d’établissement, convocation des parents.
Faits graves (violences, menaces, cyberharcèlement sévère) Signalement immédiat, procédure disciplinaire, voire signalement judiciaire.
Souffrance psychologique intense de la victime Accompagnement psychologique en parallèle de toute autre démarche.

L’articulation avec la sanction : une suite logique, pas une alternative

L’échec de la MPP dans un cas précis n’est pas un échec du système. C’est une étape. Si la voie de la coopération ne porte pas ses fruits, alors il faut changer de logique. Tout simplement.

Le relais au chef d’établissement devient alors indispensable pour envisager des mesures disciplinaires. La sanction n’est pas l’ennemie de la MPP ; elle en est le prolongement naturel lorsque la première approche a échoué. L’une n’exclut pas l’autre. Bref, le but reste le même : que le harcèlement cesse. Définitivement.

En conclusion, la méthode de la préoccupation partagée n’est pas une solution miracle, mais une approche profondément humaine et efficace. Elle change la dynamique en responsabilisant les élèves plutôt qu’en les punissant. Si elle ne suffit pas, la sanction reste une option. L’essentiel est d’agir, avec bienveillance et détermination.

FAQ

La méthode de la préoccupation partagée, c’est quoi exactement ?

Imaginez une approche pour stopper le harcèlement sans punir d’emblée, mais en rendant les élèves acteurs de la solution. C’est ça, la méthode de la préoccupation partagée (ou MPP). Au lieu de chercher un coupable, on rassemble les élèves impliqués (intimidateurs et témoins) pour leur dire : « Nous sommes inquiets pour [prénom de la cible], comment pourriez-vous nous aider à ce que ça s’arrête ? ».

L’idée, c’est de contourner les réflexes de défense et de faire appel à leur empathie. On ne les accuse pas, on les sollicite. C’est une démarche profondément éducative et éthique qui vise à désamorcer la situation en responsabilisant chacun, plutôt qu’en stigmatisant. Bref, on sort du tribunal pour entrer dans la coopération.

En quoi consiste le protocole de la MPP ?

Le protocole de la méthode de la préoccupation partagée est très structuré et se déroule en plusieurs temps. D’abord, une équipe d’adultes formés rencontre l’élève cible pour lui offrir un soutien total et obtenir son accord. Ensuite, ces adultes s’entretiennent individuellement et discrètement avec chaque élève identifié comme intimidateur ou témoin.

Le but de ces entretiens courts n’est pas d’arracher des aveux, mais de partager une préoccupation et de demander des suggestions concrètes pour améliorer la situation. Quelques jours plus tard, des entretiens de suivi sont organisés avec tout le monde pour vérifier que le harcèlement a bien cessé et remercier les élèves pour leur aide. C’est ce suivi qui ancre le changement dans la durée.

Le programme pHARe, est-ce que c’est obligatoire ?

Oui, le programme pHARe est bien obligatoire. Depuis la rentrée 2023, il a été généralisé à tous les établissements scolaires, des écoles élémentaires aux lycées. Ce programme national de lutte contre le harcèlement à l’école vise à doter chaque établissement d’une stratégie claire et d’équipes ressources formées pour agir.

La méthode de la préoccupation partagée est d’ailleurs l’un des outils clés promus dans le cadre de ce programme. L’objectif est que plus aucun établissement ne soit démuni et que chaque situation de harcèlement puisse être prise en charge de manière structurée et efficace.

Qu’est-ce que le MPP en quelques mots ?

Le MPP, c’est l’acronyme de « Méthode de la Préoccupation Partagée ». C’est une approche non-blâmante et coopérative pour mettre fin au harcèlement scolaire. Son principe est simple : plutôt que de sanctionner directement, on sollicite l’aide des intimidateurs et des témoins pour qu’ils trouvent eux-mêmes des solutions afin que la situation cesse pour l’élève cible.

Qui est chargé de lancer le protocole pHARe ?

C’est le chef d’établissement […] qui est le pilote du programme pHARe au sein de sa structure. C’est à lui que revient la responsabilité de s’assurer que le protocole est bien en place, que les équipes ressources sont constituées et formées, et que les actions de prévention sont menées.

Cependant, le déclenchement d’une intervention pour un cas de harcèlement peut venir de n’importe quel membre de la communauté éducative (enseignant, CPE, infirmière, élève, parent) qui alerte l’équipe ressource ou la direction. Une fois l’alerte donnée, l’équipe dédiée prend le relais pour appliquer les protocoles, comme la méthode de la préoccupation partagée.

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Clara Montessori

Bonjour, je m’appelle Clara, et je suis passionnée par l’éducation alternative et particulièrement par la pédagogie Montessori. Depuis plus de dix ans, j’accompagne enfants, parents et éducateurs dans leur découverte et leur pratique de cette méthode révolutionnaire, qui place l’enfant au cœur de son apprentissage. Mon parcours Je suis diplômée en pédagogie et formée à la méthode Montessori pour les tranches d’âge 0-3 ans et 3-6 ans. J’ai eu la chance de travailler dans des écoles Montessori, d’assister à des conférences internationales et de collaborer avec des familles qui souhaitaient adopter cette approche à la maison. Au fil des années, j’ai également conçu des supports pédagogiques inspirés des principes Montessori, adaptés aux besoins des enfants d’aujourd’hui, et animé des ateliers pour aider parents et éducateurs à mieux comprendre cette philosophie éducative. Ma mission Ma mission est simple : rendre la pédagogie Montessori accessible à tous. Je crois profondément que chaque enfant a un potentiel unique à révéler, et que cette méthode offre des outils précieux pour respecter son rythme et encourager son autonomie. À travers ce site, je partage mes connaissances, mes expériences et des ressources concrètes pour que chacun puisse intégrer un peu de Montessori dans son quotidien. Quand je ne travaille pas… Vous me trouverez probablement en train de : Visiter une école Montessori quelque part dans le monde 🌍 Dévorer un livre sur l’éducation ou le développement de l’enfant 📚 Fabriquer de nouveaux matériaux éducatifs pour mes ateliers ✂️ Mon mantra Montessori : « Aide-moi à faire seul. » Si vous partagez ma passion pour cette pédagogie ou souhaitez en savoir plus, je serais ravie d’échanger avec vous. Ensemble, donnons à chaque enfant l’opportunité de s’épanouir pleinement ! 😊